vendredi 5 septembre 2014

Oranges Bleues


Samedi il y a un match contre Hennebont.

Vous pensiez peut-être trouver ici un comparatif entre l'Aulne et le Blavet, leurs influences respectives sur le Canal de Nantes à Brest? Ou bien une histoire de poissons?.... 
Mais il n'y a rien de tout ça!

Hennebont voyez-vous, m'sieurs dames, c'est la  ville de coeur de l'acteur Bruno Cremer.



Et si Bruno Cremer nous intéresse c'est bien sûr parce qu'il était très attaché à cette ville, mais précisément parce qu'il nous ramène invariablement vers le chemin de la Belgique!  Et pas seulement pour son rôle du  commissaire Maigret à la télévision... Car un Belge peut en cacher un autre......


Aussi, méfiez-vous d'Hennebont les "Smolts"! Méfiez-vous!

Mais ça m'étonnerait que les jeunes se souviennent de Cremer?!...


C'était un homme à la carrure impressionnante, à la mâchoire carrée,  le nez cassé, des sourcils prononcés comme griffés au couteau par un peintre au dessus de ses yeux bleus, un regard perçant, qui lui donnaient un profil d'aigle; une belle  voix chaude au timbre unique qu'on n'oublie jamais.
Un acteur dont l'économie de geste faisait le jeu des grands réalisateurs contemporains. Une imposante stature. Faux baroudeur lit-on, mais vrai artiste, sensible profondément, certainement.

C'est le théâtre qu'il préférait.

Séducteur? ... Rien d'étonnant c'est un acteur.  


avec Jean Yanne dans Maigret et  "L'Ecluse n°1"



***

Invité un soir sur le plateau d'Ardisson, Bruno Cremer avait  présenté son bouquin autobiographique: "Un certain Jeune Homme".




Au cours de l'entretien il évoque sa mère et dit rapidement: "... Ma mère qui était une héroïne".....On comprend aussitôt qu'il l'aimait profondément  et qu'il tient d'elle une part de sa sensibilité et de son amour pour  les arts.


***


Or il se trouve que cette maman héroïque est musicienne et belge; aussi son père, pendant la première guerre mondiale, pourtant lillois d'origine (... un du "chnord"), trop jeune au combat pour les Français, choisit-il la nationalité  belge pour pouvoir rejoindre le théâtre des opérations militaires!

Belge donc jusqu'à ses 18 ans, Bruno Cremer décide alors volontairement,comme son père, dans un but bien précis,de changer de nationalité: il  devient Français à son tour  pour pouvoir, lui, rentrer au Conservatoire National d'Art Dramatique à Paris, et rejoindre d'autres genres de théâtres plus heureux que ceux de son géniteur en 14.

Notez que , plus tard, s'il connait un grand succès sur les planches avec les classiques et Anouilh, le cinéma le révèle surtout au grand public en 1965 pour son  personnage du  baroudeur adjudant Willsdorff dans le film "la 317ème section" .  Une autre guerre que celle du père (la guerre d'Indochine) , mais une  guerre encore tout de même, de cinéma  heureusement pour le fils.

Mais j'arrête là le portrait de cet homme qui aimait rester discret je crois. 
Car je ne veux pas sombrer dans des éloges posthumes, entre autres tautologies  ou truismes funèbres dont vous trouveriez  seuls d'excellents exemples parsemés sur la toile. Du genre: "il était amateur de bonne chère"... Ce qui en quelque sorte reviendrait  à dire du défunt qu'il était bon vivant!... 
Quoi de plus naturel que d'être vivant avant de mourir!? On notera cependant comme nous disait fort justement l'ami Francis que: "mieux vaut le vin d'ici que l'(e)au de là!"

Je remarque simplement son parcours de Anouilh à Hanoï!... Est-ce un hasard?... Serait-ce de l'humour?!.. Un certain goût, inné, plus ou moins conscient pour l'autodérision? Une grande qualité si particulière à la Belgique et aux Belges et de laquelle souvent se dégage une extrême poésie.
Quelque chose que, malheureusement , on ne possède pas, ou peu, en France .


Alors est-ce un hasard si Bruno Cremer s'est attaché jusqu'au bout de son dernier combat,  où il perdrait la vie, comme son père l'avait risquée  jadis à la guerre, au personnage emblématique d'un romancier belge?...
Ou bien recherchait-il autre chose dans Maigret?... L' héroïne de son enfance peut-être?  Lui qui l'aimait tant...

Cremer... Maigret... Simenon... Les Belges... L'autodérision... Le non-sens... le surréalisme... La poésie... 

Voilà qui explique enfin le petit tableau plus haut en accroche.

A la manière de Magritte un autre belge, ni poête ni peintre.... On ne sait pas trop....... ou les deux à la fois?!...  
Sorte de Maigret de l'âme avec un "t" en plus.  
Un flic surrréaliste, fusion des deux Dupond(t) sous un unique melon?...





Revoilà Dupont et Dupond, Tintin et toute la smala d'Hergé qui nous font du tort depuis la saison dernière!!! Décidément!...
GRRRRR... Mef' les gars contre Hennebont! Mef'!!!...

Notez encore: en 1965, la même année que la "317ème section", le film "Tintin et les Oranges Bleues" sortait au cinéma.... 
Il y avait enfin des oranges bleues dans le Monde!
Comme le poête on pouvait enfin dire 

"La Terre est bleue comme une orange"

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