mercredi 5 novembre 2014

N.W.W.S.

Je me permets ce "mot de billet" car la publication du "P'tit ABC du Hand", le lancement récent de la WebTV/l'émission "Parlons Hand " et ce modeste blog ainsi que tous les autres sites sur ce monstre d'internet consacrés à notre club et au hand, au sport en général, le développement de l'excellent "News Ouest" aussi par exemple, ou l'ouverture récente de la  très belle Arena  à Brest, doivent nous interpeller sur la place, l'image du hand chez nous aujourd'hui et ce qu'on veut en faire, au moment des préparatifs pour les championnats du monde masculin en France en 2017.
Je précise "masculin" car les championnats  du monde féminins eux, auront lieu en Allemagne cette année là.

J'essaierai de ne pas rester trop sérieux je vous rassure.

***

En guise d'intro je dirais juste :

"No to the Wild West Show!"
ou la naissance d'un mouvement rebelle: le 
"N.W.W.S"

Le Handball chez nous en Bretagne et surtout dans le Finistère en particuliers, par le nombre de licenciés, est un sport qui inévitablement tient une place vraiment spéciale dans nos cœurs; et il ramène toujours à notre petite enfance puisque,  pour beaucoup comme pour votre serviteur, il fut le prolongement naturel de la "balle au camp", ou "balle au prisonnier" de notre jeunesse, apprises  à l'école.  
Le jeu était chaque fois,  je m'en souviens, si la vie vous avait gâté, l'occasion d'une prise de conscience, gentiment, avec notre maître, de  la cruauté des hommes et du monde: composer des équipes, prendre conscience des qualités et des défauts des équipiers, des siennes, les exprimer, connaitre son camp, réaliser comment les autres vous voient, faire des choix et les justifier. 
Et pourquoi vouloir vaincre nos camarades, pourquoi les attaquer et se défendre? Sur quels critères? Partager la victoire, assumer la défaite. L'importance de bien se repérer, apprendre à bouger, repérer les lignes colorées sur le sol, blanches ou jaunes au début dans ma cour de récré. Bien connaitre son camp, savoir où se situer et se localiser dans cet espace, connaitre sa place. Comprendre et accepter des règles en dehors de la maison. Communiquer...

Ces lignes blanches et jaunes que j'aimais, en continu ou en pointillés, peintes sur un mauvais asphalte aux granulés gris bleu submergé de sable par endroits, délimitaient notre terrain. Mais peu à peu,  on vit apparaître d'autres lignes: des rouges en premier, puis des noires, et des bleues, il y avait même du vert je crois, une multitude de couleurs.  Et notre terrain de jeu, de grand chef indien paré pour le combat,  insoumis  Crazy Horse à fière allure, se transformait peu à peu en un clown de cirque. Et on se demandait tous les après midi quand les "grands" viendraient fixer un gros rond rouge en plein milieu.  C'étaient de trop nombreuses lignes colorées, alors qu'il fallût se limiter à trois couleurs, comme me l'apprenait mon maître à cette époque pour peindre dans un bon équilibre, c'est ainsi,  le tableau de notre enfance qui passait là. Mais d'autres "grands" que mon maître, des inconnus,  n'avaient pas les mêmes yeux que nous. Il leur fallait plus de couleurs, plus de colorants,  les pigments ne leur disaient plus rien, et plus de lignes aussi, dont ils étaient les seuls à comprendre la signification.  
Cela nous perturbait énormément à cette époque,  où nous n'étions pas encore tout à fait euclidiens.
Je me souviens du terrain de hand derrière les baraques.
J'observais du coin de l'œil,  envieux, presque jaloux, les "grands" et même des très vieux, vivre des épopées extraordinaires dignes des meilleurs films d'aventures, des westerns dont j'étais friand,  le long de cette drôle de ligne jaune, sorte de fleuve Wang He infranchissable qui contournait un étrange carré, une sorte d'Olympe cubiste blanc et rouge, dressé au fond du terrain, et défendu par un géant aux pas fantasques d'une danse elle, cubistique...
Ils étaient angoissants ces carrés. Leurs couleurs évoquaient un danger ou des drames: des blessures le sang, les pompiers, l'hôpital, l'ambulance, les rubans de sécurité autour des hommes qui perçaient le trottoir de  ma rue, celui qui entourait  ceux qui s'engouffraient dans des trous sombres sans fond  qu'on refermait sous de lourdes plaques de fonte comme des tombeaux... Ah! Ces types crottés auprès des trous!... Ils étaient si étranges...  mystérieux. A l'époque j'imaginais: soit il s'agissait de prisonniers évadés, soit ils vivaient sous la terre, et pour éviter  qu'ils ne se répandissent parmi nous,  un génial inventeur  avait convaincu les "grands" d'entourer ces puits sibyllins d'un ruban rouge et blanc  à la magie puissante, et qui les maintiendrait à jamais à l'intérieur, dessous la glaise humide, et qu'ainsi nous serions saufs pour toujours... Aussi, je n'avais pas tardé à faire le rapprochement avec les poteaux de hand, persuadé finalement que tous les gardiens venaient de ce monde souterrain. D'ailleurs il y avait cette zone dans laquelle on ne devait pas mettre le pied. Il y avait du danger par là!
Était-ce vraiment que ces  danseurs encadrés de rouge et de blanc n'étaient pas comme les autres?... Jusqu'à aujourd'hui je suis bien obligé de reconnaître que ma première impression était la bonne: ils ne sont pas comme nous!...  Et je peux vous l'avouer  puisqu'il y a prescription, même si je respectais leur différence, je ne leur ai jamais fait de cadeau!...

Il n'y a rien de plus fort au monde je pense, que la détermination d'un enfant.
On le voit, le hand a un lien fort avec l'éducation et l'enfance.  On pourra utiliser toutes les techniques de gravure sur tous les matériaux du monde, on ne gravera jamais aussi profondément et aussi  fort que dans le cœur des petits hommes. 
Alors? L'évolution du hand et sa place, son image auprès des jeunes?... Quel avenir nous promet-on?...
Et bien pour tout vous dire, j'ai  l'impression que  c'est un peu comme toutes ces lignes sur mon vieux bitume qui existe toujours. C'est une couleur qu'on rajoute, puis deux, puis  trois, et des lignes aussi... Et finalement quatre, cinq, six, des lignes partout, droites ou courbes, dans tous les sens, qui se brisent dans d'étourdissantes intersections où on se perd finalement...

C'est pourquoi il faut que nous fassions  très attention nous les "grands", euclidiens pressés plein de colorants jusqu'aux yeux plutôt que de pigments "vintage": sur notre terrain, l'asphalte encore brûlant de l'enfance nous ne devrions déposer que des lignes et des pigments qui serviront notre  sport. Et seulement le sport. Pour les petits.

Non! 
Je ne veux pas que mon chef indien finisse comme Sitting Bull au Wild West Show de Buffalo! 

Longue vie à la N.W.W.S.!


***




2 commentaires:

  1. il y a beaucoup de poésie dans ton texte, moi aussi j'y ai joué à ballon prisonnier, des bons souvenirs, mon maître d'école était doué au Foot très vite il nous a communiqué sa passion, certains sont devenus de bons joueurs, le plus drôle c'est qu'on avait à l'époque de 8 à 11 ans, et nous nous sommes retrouvés à 20 / 30 ans dans une même équipe avec lui comme joueur entraineur, on l'appelait encore :"monsieur, la balle s'il vous plait" je suis démarqué", c'était aussi des merveilleux souvenirs, paix à son âme il n'est plus de monde mais beaucoup d'entre nous le regrette encore il est parti à 55 ans ... beaucoup trop... il nous a appris le respect et le travail et pleins d'autres valeurs encore...

    RépondreSupprimer
  2. Salut Eric,
    Oh oui! Nos maîtres d'école!... Ils ont une place à part dans nos souvenirs d'enfant. Ça n'est pas rien! Merci pour ton commentaire, ça fait du bien aussi et puis en plus si tu tout trouves ça plaisant c'est cool! Car mine de rien, ça n'a l'air de rien de gérer ce blog, c'est du boulot!...
    Le Far West de Brel illustre bien tout ces sentiments je trouve...

    RépondreSupprimer