Je me permets ce "mot de billet" car la publication du "P'tit ABC du Hand", le lancement
récent de la WebTV/l'émission "Parlons
Hand " et ce modeste blog ainsi que tous les autres sites sur ce
monstre d'internet consacrés à notre club et au hand, au sport en général, le
développement de l'excellent "News
Ouest" aussi par exemple, ou l'ouverture récente de la très belle Arena à Brest, doivent nous interpeller sur la
place, l'image du hand chez nous aujourd'hui et ce qu'on veut en faire, au
moment des préparatifs pour les championnats du monde masculin en France en
2017.
Je précise "masculin" car les championnats du monde féminins eux, auront lieu en
Allemagne cette année là.
J'essaierai de ne pas rester trop sérieux je vous rassure.
***
En guise d'intro je dirais juste :
"No to the Wild West Show!"
ou la naissance d'un mouvement rebelle: le
"N.W.W.S"
"N.W.W.S"
Le Handball chez nous en Bretagne et surtout dans le Finistère en
particuliers, par le nombre de licenciés, est un sport qui inévitablement tient
une place vraiment spéciale dans nos cœurs; et il ramène toujours à notre
petite enfance puisque, pour beaucoup comme
pour votre serviteur, il fut le prolongement naturel de la "balle au camp", ou "balle au prisonnier" de notre
jeunesse, apprises à l'école.
Le jeu était chaque fois, je
m'en souviens, si la vie vous avait gâté, l'occasion d'une prise de conscience,
gentiment, avec notre maître, de la
cruauté des hommes et du monde: composer des équipes, prendre conscience des
qualités et des défauts des équipiers, des siennes, les exprimer, connaitre son
camp, réaliser comment les autres vous voient, faire des choix et les justifier.
Et pourquoi vouloir vaincre nos camarades, pourquoi les attaquer et se défendre?
Sur quels critères? Partager la victoire, assumer la défaite. L'importance de
bien se repérer, apprendre à bouger, repérer les lignes colorées sur le sol, blanches
ou jaunes au début dans ma cour de récré. Bien connaitre son camp, savoir où se
situer et se localiser dans cet espace, connaitre sa place. Comprendre et
accepter des règles en dehors de la maison. Communiquer...
Ces lignes blanches et jaunes que j'aimais, en continu ou en
pointillés, peintes sur un mauvais asphalte aux granulés gris bleu submergé de
sable par endroits, délimitaient notre terrain. Mais peu à peu, on vit apparaître d'autres lignes: des rouges
en premier, puis des noires, et des bleues, il y avait même du vert je crois, une multitude de couleurs. Et notre terrain de jeu, de grand chef indien
paré pour le combat, insoumis Crazy Horse à fière allure, se transformait peu
à peu en un clown de cirque. Et on se demandait tous les après midi quand les
"grands" viendraient fixer un gros rond rouge en plein milieu. C'étaient de trop nombreuses lignes colorées,
alors qu'il fallût se limiter à trois couleurs, comme me l'apprenait mon maître
à cette époque pour peindre dans un bon équilibre, c'est ainsi, le tableau de notre enfance qui passait là. Mais d'autres "grands" que mon
maître, des inconnus, n'avaient pas les
mêmes yeux que nous. Il leur fallait plus de couleurs, plus de colorants, les pigments ne leur disaient plus rien, et plus
de lignes aussi, dont ils étaient les
seuls à comprendre la signification.
Cela nous perturbait énormément à cette époque, où nous n'étions pas encore tout à fait
euclidiens.
Je me souviens du terrain de hand derrière les baraques.
J'observais du coin de l'œil, envieux, presque jaloux, les "grands"
et même des très vieux, vivre des épopées extraordinaires dignes des meilleurs
films d'aventures, des westerns dont j'étais friand, le long de cette drôle de ligne jaune, sorte
de fleuve Wang He infranchissable qui contournait un étrange
carré, une sorte d'Olympe cubiste blanc et rouge, dressé au fond du terrain, et
défendu par un géant aux pas fantasques d'une danse elle, cubistique...
Ils étaient angoissants ces carrés. Leurs couleurs évoquaient un
danger ou des drames: des blessures le sang, les pompiers, l'hôpital, l'ambulance, les rubans
de sécurité autour des hommes qui perçaient le trottoir de ma rue, celui qui entourait ceux qui s'engouffraient dans des trous sombres
sans fond qu'on refermait sous de
lourdes plaques de fonte comme des tombeaux... Ah! Ces types crottés auprès des trous!... Ils
étaient si étranges... mystérieux. A l'époque
j'imaginais: soit il s'agissait de prisonniers évadés, soit ils vivaient sous la
terre, et pour éviter qu'ils ne se
répandissent parmi nous, un génial inventeur
avait convaincu les "grands" d'entourer
ces puits sibyllins d'un ruban rouge et blanc à la magie puissante, et qui les maintiendrait
à jamais à l'intérieur, dessous la glaise humide, et qu'ainsi nous serions
saufs pour toujours... Aussi, je n'avais pas tardé à faire le rapprochement
avec les poteaux de hand, persuadé finalement que tous les gardiens venaient de
ce monde souterrain. D'ailleurs il y avait cette zone dans laquelle on ne
devait pas mettre le pied. Il y avait du danger par là!
Était-ce vraiment que
ces danseurs encadrés de rouge et de
blanc n'étaient pas comme les autres?... Jusqu'à aujourd'hui je suis bien
obligé de reconnaître que ma première impression était la bonne: ils ne sont pas
comme nous!... Et je peux vous l'avouer puisqu'il y a prescription, même si je respectais leur différence, je ne leur ai
jamais fait de cadeau!...
Il n'y a rien de plus fort au monde je pense, que la détermination
d'un enfant.
On le voit, le hand a un lien fort avec l'éducation et l'enfance. On pourra utiliser toutes les techniques de
gravure sur tous les matériaux du monde, on ne gravera jamais aussi profondément et
aussi fort que dans le cœur des petits
hommes.
Alors? L'évolution du hand et sa place, son image auprès des
jeunes?... Quel avenir nous promet-on?...
Et bien pour tout vous dire, j'ai
l'impression que c'est un peu
comme toutes ces lignes sur mon vieux bitume qui existe toujours. C'est une
couleur qu'on rajoute, puis deux, puis
trois, et des lignes aussi... Et finalement quatre, cinq, six, des
lignes partout, droites ou courbes, dans tous les sens, qui se brisent dans
d'étourdissantes intersections où on se perd finalement...
C'est pourquoi il faut que nous fassions très attention nous les "grands",
euclidiens pressés plein de colorants jusqu'aux yeux plutôt que de pigments
"vintage": sur notre terrain, l'asphalte encore brûlant de l'enfance
nous ne devrions déposer que des lignes et des pigments qui serviront notre sport. Et seulement le sport. Pour les
petits.
Non!
Je ne veux pas que mon chef indien finisse comme Sitting Bull au Wild West Show de Buffalo!
Longue vie à la N.W.W.S.!
***
il y a beaucoup de poésie dans ton texte, moi aussi j'y ai joué à ballon prisonnier, des bons souvenirs, mon maître d'école était doué au Foot très vite il nous a communiqué sa passion, certains sont devenus de bons joueurs, le plus drôle c'est qu'on avait à l'époque de 8 à 11 ans, et nous nous sommes retrouvés à 20 / 30 ans dans une même équipe avec lui comme joueur entraineur, on l'appelait encore :"monsieur, la balle s'il vous plait" je suis démarqué", c'était aussi des merveilleux souvenirs, paix à son âme il n'est plus de monde mais beaucoup d'entre nous le regrette encore il est parti à 55 ans ... beaucoup trop... il nous a appris le respect et le travail et pleins d'autres valeurs encore...
RépondreSupprimerSalut Eric,
RépondreSupprimerOh oui! Nos maîtres d'école!... Ils ont une place à part dans nos souvenirs d'enfant. Ça n'est pas rien! Merci pour ton commentaire, ça fait du bien aussi et puis en plus si tu tout trouves ça plaisant c'est cool! Car mine de rien, ça n'a l'air de rien de gérer ce blog, c'est du boulot!...
Le Far West de Brel illustre bien tout ces sentiments je trouve...